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.Il vous fait oublier que quelque chose existe,Et, sans le bruit des champs remplis de travailleurs,On ne saurait plus là si quelqu un vit ailleurs.Là, l ombre fait l amour ; l idylle naturelleRit ; le bouvreuil avec le verdier s y querelle,Et la fauvette y met de travers son bonnet ;C est tantôt l aubépine et tantôt le genêt ;De noirs granits bourrus, puis des mousses riantes ;Car Dieu fait un poëme avec des variantes ;Comme le vieil Homère, il rabâche parfois,Mais c est avec les fleurs, les monts, l onde et les bois !Une petite mare est là, ridant sa face,Prenant des airs de flot pour la fourmi qui passe,Ironie étalée au milieu du gazon,Qu ignore l océan grondant à l horizon.J y rencontre parfois sur la roche hideuseUn doux être ; quinze ans, yeux bleus, pieds nus, gardeuseDe chèvres, habitant, au fond d un ravin noir,Un vieux chaume croulant qui s étoile le soir ;Ses sSurs sont au logis et filent leur quenouille ;Elle essuie aux roseaux ses pieds que l étang mouille ;Chèvres, brebis, béliers, paissent ; quand, sombre esprit,J apparais, le pauvre ange a peur, et me sourit ; 332  Et moi, je la salue, elle étant l innocence.Ses agneaux, dans le pré plein de fleurs qui l encense,Bondissent, et chacun, au soleil s empourprant,Laisse aux buissons, à qui la bise le reprend,Un peu de sa toison, comme un flocon d écume.Je passe ; enfant, troupeau, s effacent dans la brume ;Le crépuscule étend sur les longs sillons grisSes ailes de fantôme et de chauve-souris ;J entends encore au loin dans la plaine ouvrièreChanter derrière moi la douce chevrière,Et, là-bas, devant moi, le vieux gardien pensifDe l écume, du flot, de l algue, du récif,Et des vagues sans trêve et sans fin remuées,Le pâtre promontoire au chapeau de nuées,S accoude et rêve au bruit de tous les infinis,Et, dans l ascension des nuages bénis,Regarde se lever la lune triomphale,Pendant que l ombre tremble, et que l âpre rafaleDisperse à tous les vents avec son souffle amerLa laine des moutons sinistres de la mer.Jersey, Grouville, avril 1855. 333  XXIV.J ai cueilli cette fleur pour toi sur la colline.Dans l âpre escarpement qui sur le flot s incline,Que l aigle connaît seul et seul peut approcher,Paisible, elle croissait aux fentes du rocher.L ombre baignait les flancs du morne promontoire ;Je voyais, comme on dresse au lieu d une victoireUn grand arc de triomphe éclatant et vermeil,À l endroit où s était englouti le soleil,La sombre nuit bâtir un porche de nuées.Des voiles s enfuyaient, au loin diminuées ;Quelques toits, s éclairant au fond d un entonnoir,Semblaient craindre de luire et de se laisser voir.J ai cueilli cette fleur pour toi, ma bien-aimée.Elle est pâle et n a pas de corolle embaumée.Sa racine n a pris sur la crête des montsQue l amère senteur des glauques goémons ;Moi, j ai dit : « Pauvre fleur, du haut de cette cime,Tu devais t en aller dans cet immense abîmeOù l algue et le nuage et les voiles s en vont.Va mourir sur un cSur, abîme plus profond.Fane-toi sur ce sein en qui palpite un monde.Le ciel, qui te créa pour t effeuiller dans l onde,Te fit pour l océan, je te donne à l amour.»Le vent mêlait les flots ; il ne restait du jourQu une vague lueur, lentement effacée.Oh ! comme j étais triste au fond de ma penséeTandis que je songeais, et que le gouffre noirM entrait dans l âme avec tous les frissons du soir !Île de Serk, août 1855. 334   335  XXV.Ô strophe du poëte, autrefois, dans les fleurs,Jetant mille baisers à leurs mille couleurs,Tu jouais, et d avril tu pillais la corbeille ;Papillon pour la rose et pour la ruche abeille,Tu semais de l amour et tu faisais du miel ;Ton âme bleue était presque mêlée au ciel ;Ta robe était d azur et ton Sil de lumière ;Tu criais aux chansons, tes sSurs : « Venez ! chaumière,Hameau, ruisseau, forêt, tout chante.L aube a lui ! »Et, douce, tu courais et tu riais.Mais lui,Le sévère habitant de la blême caverneQu en haut le jour blanchit, qu en bas rougit l Averne,Le poëte qu ont fait avant l heure vieillardLa douleur dans la vie et le drame dans l art,Lui, le chercheur du gouffre obscur, le chasseur d ombres,Il a levé la tête un jour hors des décombres,Et t a saisie au vol dans l herbe et dans les blés,Et, malgré tes effrois et tes cris redoublés,Toute en pleurs, il t a prise à l idylle joyeuse ;Il t a ravie aux champs, à la source, à l yeuse,Aux amours dans les bois près des nids palpitants ;Et maintenant, captive et reine en même temps,Prisonnière au plus noir de son âme profonde,Parmi les visions qui flottent comme l onde,Sous son crâne à la fois céleste et souterrain,Assise, et t accoudant sur un trône d airain,Voyant dans ta mémoire, ainsi qu une ombre vaine,Fuir l éblouissement du jour et de la plaine,Par le maître gardée, et calme, et sans espoir,Tandis que, près de toi, les drames, groupe noir, 336  Des sombres passions feuillettent le registre,Tu rêves dans sa nuit, Proserpine sinistre.Jersey, novembre 1854. 337  XXVI.Les malheureuxÀ mes enfantsPuisque déjà l épreuve aux luttes vous convie,Ô mes enfants ! parlons un peu de cette vie.Je me souviens qu un jour, marchant dans un bois noirOù des ravins creusaient un farouche entonnoir,Dans un de ces endroits où sous l herbe et la ronceLe chemin disparaît et le ruisseau s enfonce,Je vis, parmi les grès, les houx, les sauvageons,Fumer un toit bâti de chaumes et de joncs.La fumée avait peine à monter dans les branches ;Les fenêtres étaient les crevasses des planches ;On eût dit que les rocs cachaient avec ennuiCe logis tremblant, triste, humble ; et que c était luiQue les petits oiseaux, sous le hêtre et l érable,Plaignaient, tant il était chétif et misérable !Pensif, dans les buissons j en cherchais le sentier.Comme je regardais ce chaume, un muletierPassa, chantant, fouettant quelques bêtes de somme.« Qui donc demeure là ? » demandai-je à cet homme.L homme, tout en chantant, me dit : « Un malheureux.»J allai vers la masure au fond du ravin creux ;Un arbre, de sa branche où brillait une goutte,Sembla se faire un doigt pour m en montrer la route,Et le vent m en ouvrit la porte ; et j y trouvaiUn vieux, vêtu de bure, assis sur un pavé.Ce vieillard, près d un âtre où séchaient quelques toiles, 338  Dans ce bouge aux passants ouvert, comme aux étoiles,Vivait, seul jour et nuit, sans clôture, sans chien,Sans clef ; la pauvreté garde ceux qui n ont rien.J entrai ; le vieux soupait d un peu d eau, d une pomme ;Sans pain ; et je me mis à plaindre ce pauvre homme [ Pobierz caÅ‚ość w formacie PDF ]

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