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.Voyons, dites vite, faut-il que je vous tende la main endisant : « Beauchamp, avouez un tort et conservez-moi un ami ? »ou faut-il que tout simplement je vous demande : « Quelles sontvos armes ? » Albert, dit Beauchamp avec une tristesse qui frappa lejeune homme de stupeur, asseyons-nous d abord, et causons. Mais il me semble, au contraire, monsieur, qu avant denous asseoir, vous avez à me répondre ? Albert, dit le journaliste, il y a des circonstances où ladifficulté est justement dans la réponse. Je vais vous la rendre facile, monsieur, en vous répétant lademande : Voulez-vous vous rétracter, oui ou non ? Morcerf, on ne se contente pas de répondre oui ou non auxquestions qui intéressent l honneur, la position sociale, la vie d unhomme comme M.le lieutenant général comte de Morcerf, pair deFrance. Que fait-on alors ? On fait ce que j ai fait, Albert ; on dit : L argent, le temps etla fatigue ne sont rien lorsqu il s agit de la réputation et desintérêts de toute une famille ; on dit : Il faut plus que desprobabilités, il faut des certitudes pour accepter un duel à mort 562  avec un ami ; on dit : Si je croise l épée, ou si je lâche la détented un pistolet sur un homme dont j ai, pendant trois ans, serré lamain, il faut que je sache au moins pourquoi je fais une pareillechose, afin que j arrive sur le terrain avec le cSur en repos et cetteconscience tranquille dont un homme a besoin quand il faut queson bras sauve sa vie. Eh bien, eh bien, demanda Morcerf avec impatience, queveut dire cela ? Cela veut dire que j arrive de Janina. De Janina ? vous ! Oui, moi. Impossible. Mon cher Albert, voici mon passeport ; voyez les visas :Genève, Milan, Venise, Trieste, Delvino, Janina.En croirez-vousla police d une république, d un royaume et d un empire ? »Albert jeta les yeux sur le passeport, et les releva, étonnés,sur Beauchamp.« Vous avez été à Janina ? dit-il. Albert, si vous aviez été un étranger, un inconnu, un simplelord comme cet Anglais qui est venu me demander raison il y atrois ou quatre mois, et que j ai tué pour m en débarrasser, vouscomprenez que je ne me serais pas donné une pareille peine ;mais j ai cru que je vous devais cette marque de considération.J aimis huit jours à aller, huit jours à revenir, plus quatre jours de 563  quarantaine, et quarante-huit heures de séjour, cela fait bien mestrois semaines.Je suis arrivé cette nuit, et me voilà. Mon Dieu, mon Dieu ! que de circonlocutions, Beauchamp,et que vous tardez à me dire ce que j attends de vous ! C est qu en vérité, Albert& On dirait que vous hésitez. Oui, j ai peur. Vous avez peur d avouer que votre correspondant vousavait trompé ? Oh ! pas d amour-propre Beauchamp ; avouez,Beauchamp, votre courage ne peut être mis en doute. Oh ! ce n est point cela, murmura le journaliste ; aucontraire& »Albert pâlit affreusement : il essaya de parler, mais la paroleexpira sur ses lèvres.« Mon ami, dit Beauchamp du ton le plus affectueux, croyezque je serais heureux de vous faire mes excuses, et que cesexcuses, je vous les ferais de tout mon cSur ; mais hélas& Mais, quoi ? La note avait raison, mon ami. Comment ! cet officier français& Oui. 564   Ce Fernand ? Oui. Ce traître qui a livré les châteaux de l homme au serviceduquel il était. Pardonnez-moi de vous dire ce que je vous dis, mon ami :cet homme, c est votre père ! »Albert fit un mouvement furieux pour s élancer surBeauchamp ; mais celui-ci le retint bien plus encore avec un douxregard qu avec sa main étendue.« Tenez, mon ami, dit-il en tirant un papier de sa poche, voicila preuve.»Albert ouvrit le papier ; c était une attestation de quatrehabitants notables de Janina, constatant que le colonel FernandMondego, colonel instructeur au service du vizir Ali-Tebelin, avaitlivré le château de Janina moyennant deux mille bourses.Les signatures étaient légalisées par le consul.Albert chancela et tomba écrasé sur un fauteuil.Il n y avait point à en douter cette fois, le nom de famille yétait en toutes lettres.Aussi, après un moment de silence muet et douloureux, soncSur se gonfla, les veines de son cou s enflèrent, un torrent delarmes jaillit de ses yeux. 565  Beauchamp, qui avait regardé avec une profonde pitié cejeune homme cédant au paroxysme de la douleur, s approcha delui.« Albert, lui dit-il, vous me comprenez maintenant, n est-cepas ? J ai voulu tout voir, tout juger par moi-même, espérant quel explication serait favorable à votre père, et que je pourrais luirendre toute justice.Mais au contraire les renseignements prisconstatent que cet officier instructeur, que ce Fernand Mondego,élevé par Ali-Pacha au titre de général gouverneur, n est autre quele comte Fernand de Morcerf : alors je suis revenu me rappelantl honneur que vous m aviez fait de m admettre à votre amitié, et jesuis accouru à vous.»Albert, toujours étendu sur son fauteuil, tenait ses deuxmains sur ses yeux, comme s il eût voulu empêcher le jourd arriver jusqu à lui.« Je suis accouru à vous, continua Beauchamp, pour vousdire : Albert, les fautes de nos pères, dans ces temps d action et deréaction, ne peuvent atteindre les enfants.Albert, bien peu onttraversé ces révolutions au milieu desquelles nous sommes nés,sans que quelque tache de boue ou de sang ait souillé leuruniforme de soldat ou leur robe de juge.Albert, personne aumonde, maintenant que j ai toutes les preuves, maintenant que jesuis maître de votre secret, ne peut me forcer à un combat quevotre conscience, j en suis certain, vous reprocherait comme uncrime ; mais ce que vous ne pouvez plus exiger de moi, je viensvous l offrir.Ces preuves, ces révélations, ces attestations que jepossède seul, voulez-vous qu elles disparaissent ? ce secretaffreux, voulez-vous qu il reste entre vous et moi ? Confié à maparole d honneur, il ne sortira jamais de ma bouche ; dites, levoulez-vous, Albert ? dites, le voulez-vous, mon ami ? » 566  Albert s élança au cou de Beauchamp.« Ah ! noble cSur ! s écria-t-il. Tenez », dit Beauchamp en présentant les papiers à Albert.Albert les saisit d une main convulsive, les étreignit, lesfroissa, songea à les déchirer ; mais, tremblant que la moindreparcelle enlevée par le vent ne le revînt un jour frapper au front, ilalla à la bougie toujours allumée pour les cigares et en consumajusqu au dernier fragment.« Cher ami, excellent ami ! murmurait Albert tout en brûlantles papiers. Que tout cela s oublie comme un mauvais rêve, ditBeauchamp, s efface comme ces dernières étincelles qui courentsur le papier noirci, que tout cela s évanouisse comme cettedernière fumée qui s échappe de ces cendres muettes [ Pobierz caÅ‚ość w formacie PDF ]

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